Et vinrent les secondes manifestations de l'Ombre.
Emergés des forces sombres, de nouveaux envoyés pénétrèrent les frontières lumineuses des Jardins, pour venir troubler le sommeil des premiers nés.
Ces anti-dieux, sans nul doute rêve mauvais suscité des échos perdus des Inomés, venaient et parodiaient les atours des Dieux, simulacres sans vie, habités par l’obscur, attirés à la lumière. Ils dirigèrent une pensée fixe, sans âme sur leurs proies qu’ils recherchaient avidement de par les étendues des Jardins. Car, immenses et terrifiants ils venaient depuis les profondeurs, mais à mesure qu’ils entraient dans les domaines de la lumière ils diminuaient sans cesse, devenant mauvaises choses agitées et futiles ; de sorte que lorsque nombre d’entre eux parvinrent à atteindre les Titans endormis, ils n’étaient plus que fantômes ridicules, souffles mauvais, ombres insignes.

Intriguants, par leurs danses irritantes ils parvinrent à agiter le sommeil de ceux qui aux Jardins d’Eternité rêvaient à nouveau.

Perturbés par ces mains noires et ces volontés invisibles, les Titans commencèrent à s’agiter.
Par les ténèbres, les simulacres invoqués du néant sussurèrent à leurs oreilles inconscientes des paroles à leur image, emplies de venin, empruntes de faiblesse ; puis ces anti-dieux s’évanouirent, tandis que ceux, portant la mort, restés en dehors des Jardins contemplaient avides les gestes ultimes de leurs pairs. Ils avaient semés les graines de la passion noire au dessus des eaux éternelles.
Dans le trouble d’un sommeil qui s’enfuyait, les Titans se trouvèrent à leur réveil et les uns les autres pris dans les sortilèges se cherchèrent, et s’adonnèrent à la passion par la force du désir. Rageurs, les anti-dieux, qui demeuraient en dehors, virent que Ceux qui sommeillaient étaient en vérité protégés et bénis.
Dieux, Titans, Puissances Primordiales, grands parmi les êtres de gloire issus de la Vie, ils déjouèrent avec grâce les faibles maléfices qui avaient été répandus en leur cœur, désirs futiles inspirés par l'Ombre.

Car, la confusion semée fut envolée en œuvre belle et majestueuse.
Les unions forcées, au départ aveuglément, dans le demi-sommeil, furent portées en un amour puissant. Une passion sans limite, d’un souffle sans concession. La grande fusion d’énergie prit aussitôt pour illuminer les espaces extérieurs aux Jardins d'Eternité, figeant dans sa lumière ceux des envoyés du néant assemblés alentour. Les étreintes des Titans, aux accents de dévotion intense, s’étendirent avec largesse. Joie et extase de parcourir les fluides de la Vie, irisés par la passion.