L’ombre s’immisça sous le ciel infini. Elle se répandit dans la dernière enceinte, l’emplissant de ténèbres, pour qui n’y luise plus, tout au bout, que le solitaire rayonnement du Joyau... L'Illum Som, sphère de gloire, eaux d'énergie, vibrionnante de lumière, Création éternelle, demeurait nue et sans garde.

Ils vinrent, Inomés, et emplirent la salle du Joyau, et la virent.
Leur réaction demeure à jamais inconcevable, mais cela fut fait et accompli alors que le Temps lui-même ne pouvait être perçu.

Désirant par dessus tout échapper à eux-même, haïssant leur origine de ténèbres, ils se répandirent autour de la lumière de la Création, avides. Ils avaient des bâtons de pouvoir qu’ils agitèrent vite avec rire. Là, pris dans une inspiration féroce ils en frappèrent les Eaux. Un sortilège noir s’éleva dans l’enceinte sacrée, invisible des cieux extérieurs, et de la surface d'énergies ainsi agitées s’évaporèrent des volutes d’éther étranges.
Et les rires des Inomés se turent bientôt.

Car, dans le silence qui trahissait une soudaine attente, ils venaient d’apercevoir au plus profond des Eaux des silhouettes d’êtres inconnus; dans la lenteur des lambes qui s’étiraient ainsi des visages se réflétaient, pris dans le sommeil éternel, la paix et le rêve insondable.

Les Dieux des mondes à venir, les Titans, dérivaient là, assoupis au coeur des eaux lumineuses. La vision des visages glorieux effrayèrent les agents noirs, eux n’ayant ni forme ni substance. Soudainement ils s’éloignèrent fuyant et évitant les brumes, reflux noir d’une invisible marée, dans le silence du Temple. Ils se replièrent vivement dans les interstices, les failles d’où ils avaient surgi. Car il fut ainsi, que les Inomés, vastes ombres, se trouvèrent incapables de tolérer la gloire répandue du Joyau. Bien que violemment attirés à lui ils ne pouvaient supporter son aura puissante et qui les refoulait désormais, transparaissant des eaux et retournant à eux leur haine.