Jeu de Rôle Médiéval-Fantastique

Alors que les Ewës dansaient dans les cieux infinis pour la gloire du Grand Esprit, déjà frémissait le Néant, en ombres immenses, dans l'espace sans vie. Dissimulés dans l’ombre impossible, les Inomés demeurèrent longuement, invisibles, impotents, en contemplation avide des espaces vierges, des valses ahurissantes, lumineuses des Ewës et des eaux de la Vie maintenant assemblées.
Mais l’œuvre accomplie, l’attente s’installa car les Ewës semblaient figés, sans autre motif de danse ni de joie, et ce fut une attente bien étrange.

D’une certaine façon la myriade des Ewës orbitant la gloire des eaux de lumière vinrent à s’oublier. Dans l’intervalle de quelques perceptiblement longs instants la présence à l’harmonie originelle s’en fut. Quand la garde des Ewës restant commença à contempler les eaux nouvelles et luminescentes le gracieux équilibre aux demeures célestes en fut subtilement alourdi. Car au cœur du Joyau luisait l’unité des quatre essences fondamentales, Espace, Temps, Mystères et Puissance. La beauté de l’œuvre éclipsait maintenant il est vrai de sa majesté la grâce du Créateur aux cieux infinis.

Et c’est, dans ce moment d’oubli que les étendues sombres du néant s’avancèrent.

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Les méandres obscurs encerclèrent ainsi, par leur faute d’inattention, les Ewës restant, ils se trouvèrent dans l’oubli d’eux-mêmes et de l’ordre du grand œuvre. Et les cieux se déchirèrent soudain, un ordre venu d’en haut tonna - aux abords de la scène les Ewës assemblés et figés ressentirent derrière eux la reptation mortelle de l’ombre.

Et ce fut un second éclair dans les cieux.
La garde s’assembla en hâte en un amas compact, vibrionnant d’énergies, et des mots de pouvoir et magie sans pareils furent prononcés. Un grand mouvement s’ensuivit, une longue danse concentrée, et un second point d’orgue en ponctuation extrême. Une muraille d'énergie, à même de protéger la Création venait d’être érigée, monumentale. Forteresse du suprême, parcourue de tout symbole de puissance. Ainsi on tenta de placer les Eaux de Lumière hors d’atteinte. Et l’ombre sembla repoussée au loin, dans son impossibilité.

La grande barrière enserrait elle-même un vaste temple. Celui-là, également de Lumière, et en son cœur, avait été serti l'Illum Som.
Le Temple demeurait interdit, scellé par l’ordre imposé à l’ensemble des Ewës de renoncer à leur propre œuvre, eux ayant fauté, ayant amené l’Ombre dans les cieux originels.

Cependant, lorsque les cieux avaient frémis, lorsque l’ombre était entrée en scène, parmi les Ewës tous n’avaient pu se défaire de leur faute. Ceux-là furent emportés dans la fulgurance des magies élevant la Lumière, le Temple et ses défenses. Ils furent captés par l’ombre, et au moment de leur fusion, fraction d’instant, les Inomés surent posséder leur être. Dissimulées à la connaissance des cieux et sur les pans nus intérieurs de l’enceinte demeurèrent ainsi d’invisibles failles laissées au vide.
Interstices en sillons d’ignorance, lovés au coeur du continuum originel, laissés par l'absence des Ewës pris par le néant.

Cette faute permit la venue des Inomés dans la cathédrale de Lumière.

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