On l'a dit, les Yéods, les quatres voies élémentales qu'empruntent les eaux de la Vie, traversent l'Univers. Comme toute chose au sein de ce dernier, les essences sont prises entre deux pôles, le Haut-Cosmos et les Fosses du Temps, et elles deviennent fortement teintées par la proximité de l'un des deux. Ainsi, la fin des Yéods, avant la disparition de l'énergie par le seuil des Fosses, est-elle marquée par l'ombre. La terre infinie du Yod-Sarhel n'est plus que désert sans vie, l'océan du Yod-Barans devient agité et les tempêtes du Yed-Vaki le soulèvent et le grèvent de maëlstroms titanesques menants aux ténèbres, la lumière du Yed-Qandhor, devenue bleue et fantomatique passées les zones d'orages astrals, disparaît, enfin, peu à peu, et laisse place à la noirceur du vide... Mais ce n'est pas là, toutefois, que se terminent les quatre Yéods. Car ces paysages énergétiques ne sont que les marches d'un domaine particulier.

Au temps du Grand Règne, au Haut-Cosmos, les Infants partagaient de nombreuses cités élevées dans l'éther doré d'alors. Là ils se rencontraient, et leurs serviteurs, qui étaient tirés de leurs visions, inspirées par l'horizon du rêve, voyagaient aussi et certains y résidaient. La Volonté Noire, lorsqu'elle lança la puissance du Nankhor sur les Domaines des Infants, toucha aussi ces cités. Certaines, tentées avec force, virent leurs habitants se damner violemment, elles churent presque intégralement avec l'apparition des Fosses du Temps... Ainsi, aujourd'hui, trouve-t'on au bout des Yéods, là où elles se maintiennent, quatre de ces cités déchues. Elles marquent le Dûmak, la fin de l'Univers, là où les énergies devenues ténébreuses explosent finalement, emportées par le Chaos, avant de passer le seuil des Fosses... Ainsi Arafah, emportée par la colère et l'orgueil, est prise sous un ciel vert phosphoreux au sein d'une grande vallée sombre entourée de monts déchiquetés; Irchid, prise par l'avarice et l'envie noire, est un port sur une lagune sinistre et sous un ciel jaune mauvais; Muggoth, dévorée par la faim inextinguible et la luxure, est prise sous un ciel rouge enflammé dominant une terre de volcans; enfin, Machyâh, la cité morte, dort sous les cendres emplissant une vaste plaine silencieuse, ténébreuse - en son centre l'émanation de l'énergie nécrotique et le seuil béant menant à la perdition éternelle, aux Fosses du Temps.

Ces cités maudites ne sont pas désertes pour autant. Les anciens serviteurs des Infants y persistent, sous des formes corrompues, et ils servent à présent les Fosses. Les Abominations Cosmiques qui hantent l'Univers connaissent leur existence, mais n'en font que peu de cas alors qu'ils pourraient les commander en légions... Mais viendra un temps où cela sera.